11.09–22.10.2022
derma off
Grichka Commaret
derma off
Grichka Commaret
Cette note que j’avais récupérée il y a plusieurs années était tombée d’un paquet de vieux
dessins lors de mon dernier déménagement. Je me souviens l’avoir mise dans ma poche, sans
trop de raison. En cherchant des pièces pour payer mon allongé ce matin, je l’ai retrouvée,
abîmée par un passage en machine.
«Aux Résidents du 21. Av. Max. R. Ce mot m’est dicté par cette petite salle encombrée de déchets au RDC, ce débarras obscur que tout le monde refuse de voir. Sa voix sombre et enrouée vous rappelle à l’ordre. Respectez les règles du jeu !».
Le tracé volontaire des lettres me rappelle un voisin désagréable dont le visage est, dans mon esprit, irrémédiablement associé aux M qui forment des pics agressifs. Le serveur me rend la monnaie. L’ histoire débute par le bruit des pièces sur la table.
6 avait remarqué qu'un petit trou était apparu au cœur de sa paume. Il s’amusait à faire passer la fumée de sa boisson encore chaude au travers. La réunion battait son plein, mais les discussions animées de ses collègues ne l’intéressait plus. L’intensité des contrastes présents sur les graphiques était sans équivoque : l’immeuble s’était élargi de plus de vingt centimètres en trente ans détruisant l’ensemble des installations électriques et canalisations. 6 avait l’intime conviction que ce phénomène était lié à ce qu’il se passait dans sa main et que les dogmes architecturaux ne seraient d’aucune utilité dans la résolution de cette catastrophe. La réponse était là, dans ce paysage dévasté qu’il observait par ce petit trou, ciblant tous les détails comme un photographe. Ce jeu hypnotique l’avait amené à faire quelques découvertes : certains habitants semblaient coincés entre deux murs, d’autres se cognaient indéfiniment contre les façades, tous semblaient définitivement désorientés. La force inconnue qui tira sa main vers la cime du bâtiment avait un parfum de vérité. 6 devenu 9 était saisi : un nouvel étage avait poussé durant la nuit, né du désir d’émancipation des matériaux.
Sans m’en rendre compte, un groupe de touristes s’est attroupé devant le café. Je décide de partir. La paume endolorie, je marche sans savoir où rentrer.
«Aux Résidents du 21. Av. Max. R. Ce mot m’est dicté par cette petite salle encombrée de déchets au RDC, ce débarras obscur que tout le monde refuse de voir. Sa voix sombre et enrouée vous rappelle à l’ordre. Respectez les règles du jeu !».
Le tracé volontaire des lettres me rappelle un voisin désagréable dont le visage est, dans mon esprit, irrémédiablement associé aux M qui forment des pics agressifs. Le serveur me rend la monnaie. L’ histoire débute par le bruit des pièces sur la table.
6 avait remarqué qu'un petit trou était apparu au cœur de sa paume. Il s’amusait à faire passer la fumée de sa boisson encore chaude au travers. La réunion battait son plein, mais les discussions animées de ses collègues ne l’intéressait plus. L’intensité des contrastes présents sur les graphiques était sans équivoque : l’immeuble s’était élargi de plus de vingt centimètres en trente ans détruisant l’ensemble des installations électriques et canalisations. 6 avait l’intime conviction que ce phénomène était lié à ce qu’il se passait dans sa main et que les dogmes architecturaux ne seraient d’aucune utilité dans la résolution de cette catastrophe. La réponse était là, dans ce paysage dévasté qu’il observait par ce petit trou, ciblant tous les détails comme un photographe. Ce jeu hypnotique l’avait amené à faire quelques découvertes : certains habitants semblaient coincés entre deux murs, d’autres se cognaient indéfiniment contre les façades, tous semblaient définitivement désorientés. La force inconnue qui tira sa main vers la cime du bâtiment avait un parfum de vérité. 6 devenu 9 était saisi : un nouvel étage avait poussé durant la nuit, né du désir d’émancipation des matériaux.
Sans m’en rendre compte, un groupe de touristes s’est attroupé devant le café. Je décide de partir. La paume endolorie, je marche sans savoir où rentrer.